Meriem Fournier, de l’Inrae, estime que seule une filière performante peut relever les défis du changement climatique qui touche nos massifs.
Par Meriem Fournier
L’effondrement du puits de carbone forestier, confirmé par de récents articles de presse et les chiffres de l’IGN et du Citepa, rend impérative une réaction éclairée et proactive. Ce déclin – qui est la résultante d’une pompe à carbone forestière moins efficace – n’est malheureusement pas une surprise. Cette chute découle de plusieurs phénomènes, en tête desquels le réchauffement climatique.
Le concept de pompe à carbone désigne le processus par lequel les forêts absorbent le dioxyde de carbone (CO2) de l’atmosphère (par la photosynthèse) et le stockent. Pour faire d’une forêt une pompe à carbone avec un bilan net très positif de séquestration du CO2, plusieurs conditions doivent être réunies.
Les arbres doivent pousser de manière significative – une caractéristique observable surtout dans des jeunes forêts, notamment en expansion sur la déprise agricole –, le réservoir du sol ne doit pas diminuer et le stockage ne doit pas être compromis par des mortalités massives des arbres.
Contribution à la biodiversité
Force est de constater que les forêts françaises ne bénéficient plus de telles conditions. En effet, le couvert forestier est plus important que jamais, puisque l’on compte 17,3 millions d’hectares en France métropolitaine, soit 31 % du territoire, et toujours en expansion. Mais les dispositifs de suivi notent une nette augmentation de la mortalité des arbres : + 80 % en dix ans, exacerbée par le changement climatique. Une situation dessinée de longue date, qui impose un constat sans surprise : le puits de carbone baisse.À lire aussi Ces arbres malades du climat qui résistent mal aux épidémiesDepuis le milieu du XXᵉ siècle, le stock de carbone de la forêt augmentait de manière constante, d’environ une tonne par hectare chaque année. Nos forêts françaises contiennent aujourd’hui 176 tonnes de carbone par hectare (sol et biomasse). Des hectares de forêts qui disparaissent, c’est, d’un coup, plus d’une centaine d’années d’accumulation lente qui est perdue. Préserver l’intégrité de nos forêts devient ainsi une nécessité pour maintenir non seulement leur rôle en tant que puits de carbone, mais également leur contribution à la biodiversité et à la santé globale de nos écosystèmes.
La capacité de stockage des forêts est donc directement influencée par les contraintes climatiques, en particulier les périodes de sécheresse car, sans eau, pas de végétaux. On voit, par exemple, que le stock en carbone dans les forêts est actuellement deux fois inférieur en zone méditerranéenne que dans le Grand Est.